Sujet: Silence de vie ou de mort ◮ Jim & John Dim 9 Fév - 15:46
Je vais m'habituer ...?
S'habituer. C'est facile à dire, mais dur à faire. S'habituer? John l'était déjà. Juste en tant que colocataire, oui, il s'y était habitué depuis des lustres. Mais en tant que...ça? Non, il ne s'y était pas vraiment habitué, voir pas du tout. C'est que la dernière fois qu'il avait fait une confiance aveugle à quelqu'un, il s'était ramassé dans le pétrin. C'est étrange à dire, mais John fait confiance aux gens, et ce, parfois trop vite. Il est intelligent, certes, mais il ne peut dire si cette personne va le trahir dans le futur. Ce serait une raison pour lui de se méfier plus souvent des gens, mais c'est comme s'il faisait la sourde oreille. C'est sûrement volontaire. Tout est volontaire chez John, de a à z.
Do, fa, sol,
Mais avec Jim, c'était différent, ça l'a toujours été et il l'a toujours sentit, ce truc.Cette sensation qu'il avait quand il le voyait près de lui, mais pourtant si loin à la fois. On pouvait se perdre dans les yeux de Jim et c'était quelque chose de fascinant, merveilleux et inexplicable. Et il s'en fichait. Pour la première fois de sa vie, John s'en fichait de savoir s'il y avait une explication derrière tout ça.
la, do, fa,
Il se souvient encore de la première fois qu'il l'avait vu, dans un café du coin. Le seul café du coin, qui n'avait pas encore fait faillite. Au premier regard du coin de l’œil, Jim n'avait été qu'un étranger parmi tant d'autre, et au premier regard échangé, tout avait basculé. Ils s'étaient échangé quelques paroles, présentation, et tout le tralalère, vous voyez. Et puis on était passé à la vitesse grand V.
ré, la, si,
John devait l'avouer, cette rencontre pour lui a été un grand changement, car non seulement il, en quelque sorte, avait recommencé à "ressentir", il se montrait beaucoup plus calme -si, je vous le jure, il est calme pour John de faire des missions suicides- , il ne fouillait plus vraiment dans les affaires des autres, et surtout son attention avait été focalisé quelque part d'autre que chez les autres Freedom, avec qui John prenait un plaisir fou, presque malsain, à énerver.
mi, ré, do.
Ses doigts effleurèrent le papier recyclé qui lui servait de feuille de musique, son stylo ayant tombé sur le sol, pour se casser en deux par la suite. Les stylos du magasin chinois, ce n'est vraiment pas la meilleure qualité. John se décevait de devoir écrire une composition avec cette chose bon marché. Tout en haut de la feuille, on pouvait y lire, en lettres manuscrites I have the right to play, je traduis: J'ai le droit de jouer. Une phrase niaise mais pourtant si intelligente. Seul les gens avec une vraie culture serait capable de reconnaître son génie. Malheureusement, ceux-ci était tous mort, ou bien de l'autre côté de la ville, avec les T-Corp. Enfin, ce qu'il cherchait n'était pas quelqu'un qui serait capable d'apprécier le titre de sa composition de violon, mais plutôt quelqu'un pour apprécier ce qu'il fait tout court. Les gens ont souvent tendance à faire le contraire, parce que bon, ils ne comprennent pas vraiment les motifs et encore moins les méthodes de John.
Là, en ce moment, il ne comprenait vraiment pas pourquoi il avait composé cette chose, surtout le jour du 14 février, j'ai nommé, terrible Saint-Valentin. C'est sûr qu'ici, à Las Vegas, les gens ne fêtent plus vraiment cette fête et ça se comprend car la plupart des êtres aimés ne sont plus que cadavres parmi tant d'autres. John était chanceux, il avait encore quelqu'un. Mais ce n'est pas pour autant qu'il allait se mettre tout d'un coup à fêter l'anniversaire des amoureux pustuleux.
John se leva de sa chaise, un couic des roulettes de celle-ci brisa le silence pesant de l'appartement, silencieuse qui était bien souvent brisé par des vociférations dirigé vers le chat obèse de ce cher Lockson. Non, aujourd'hui, le silence était de plomb. Vêtu d'une chemise brune surmontée d'une robe de chambre beige, le génie faisait les cents pas dans la cuisine, le regard complètement perdu, la tête dans les nuages. La cuisine était dans un bordel, chose inévitable lorsqu'on habite avec Mounty, des feuilles les unes par dessus les autres, des fioles par-ci par-là et évitons de parler du frigo, qui est pire.
Il s'arrêta brusquement, laissant à nouveau le silence remplir la pièce de son étouffante présence. Le silence est quelque chose d'étouffant mais d'agréable, vous ne trouvez pas? Les pieds à nouveau sur terre, il réalisa que quelque chose manquait dans le décor, quelqu'un. Jim. Mais où était passé cet idiot de première classe? Croire qu'il avait finit par tomber sous les charmes d'un imbécile! Il était tombé bien bas, John. Où peut-être trop haut? Une chose est sûre, il ne méritait pas vraiment la gentillesse du soldat. Sa voix brisa le silence:
" ...Jim? "
Il n'était même pas sûr si celui-ci était dans le bâtiment, il faut dire qu'il est loin des jeunes métalleux qui mettent de la musique à briser les tympans à deux heures du matin. Il ramassa la feuille de composition qui se trouvait sur le comptoir, pour la garder dans ses mains, attendant quelconques réponses de son colocataire.
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